Réforme des retraites : Cyril Chabanier (CFTC)
débriefe son rendez-vous avec Borne
Âge
légal de départ, pension minimum… Le président du syndicat
« réformiste » est « déterminé » à lutter contre la mesure
d’âge voulue par Élisabeth Borne et Emmanuel Macron.
« Je mets une grosse pièce sur
64 ans », le chef de la CFTC Cyril Chabanier nous débriefe son rendez-vous
avec Borne
Le tableau se dessine. Élisabeth Borne achève ses dernières consultations avec les responsables des différents syndicats, ce mercredi 4 janvier, à quelques encablures de la présentation d’une réforme des retraites aussi risquée que décriée dans la sphère publique.
Deux jours de négociations qui n’auront pas permis de
bouger les lignes : toutes les centrales s’opposent au recul de l’âge légal de départ en
retraite, une mesure promise en 2022 par le candidat Macron et
martelée comme un impondérable depuis sa réélection. Même la CFDT et la CFTC, les deux organisations
présentées comme « réformistes » et les plus
enclines, au départ, à une refonte du système, sont prêtes à se mobiliser.
La position de l’exécutif « ne bougera plus sur le report de l’âge de départ, alors on combattra
la mesure », affirme Cyril Chabanier, président de la CFTC, au sortir de son
rendez-vous à Matignon. Le dirigeant de la centrale d’inspiration
chrétienne revient, pour Le HuffPost, sur ces dernières
négociations et affiche sa « détermination » à lutter contre
cette « injustice » à venir. « Y compris dans la rue. »
Question : Quel a été
le discours d’Élisabeth Borne au cours de cet entretien ?
Cyril
Chabanier : Le rendez-vous s’est passé en deux phases. On a refait
un point sur l’emploi des seniors, le niveau minimum des pensions, les droits
familiaux… Là-dessus, on arrive à échanger, faire des propositions avec des
débouchés qui peuvent être intéressants.
Seulement, dès que l’on parle du financement, le
gouvernement est complètement bloqué, arc-bouté sur le report de l’âge légal de
départ. Quand on évoque d’autres moyens de financement, nos propositions sont
balayées d’un revers de main. Certes, la Première ministre dit que les 65 ans ne sont pas un
totem, mais enfin, 64 ans, plus l’accélération de la réforme
Touraine [pour atteindre plus rapidement les 43 ans de cotisation
nécessaires pour partir en retraite], ça reste très
salé.
La Première ministre va
donc annoncer un report à 64 ou 65 ans le 10 janvier prochain ?
Je mets une grosse pièce sur 64 ans, avec
l’accélération du rythme de la réforme Touraine.
Avez-vous obtenu des
aménagements, des améliorations au cours de ces derniers échanges ?
Je pense que l’on peut obtenir le fait que le minimum
de pension ne concerne pas uniquement le « flux », les personnes qui
arrivent à la retraite, mais également le « stock », à savoir celles
qui sont déjà en retraite. Le fait que les critères ergonomiques de pénibilité
puissent au moins servir dans les congés de reconversion, ou être pris en
compte dans un départ anticipé, pourra également être obtenu. Ou encore, créer
un index pénalisant les entreprises qui ne jouent pas le jeu dans l’emploi des
séniors… Il reste des choses à négocier, on peut encore avancer sur certains
points. Mais quand vous mettez ces mesures-là dans la balance avec le report de
l’âge de départ, ça ne tient pas la route.
Quel est votre état
d’esprit après ce rendez-vous ?
On ressort de Matignon déterminés, combatifs, parce
que l’on peut encore faire évoluer certaines choses, mais un peu pessimistes
avec cet acharnement sur le report de l’âge légal. Je pense que cela ne bougera
plus, alors on combattra cette mesure, y compris dans la rue.
À la CFTC, on ne le fait qu’en dernier recours, mais quand on y va, c’est parce que l’on veut lutter contre une vraie injustice. On a l’impression que ce report est devenu un marqueur politique, une trace que ce président veut laisser, alors que d’autres solutions sont possibles.
C’est pour
cela que nous serons dans la rue.

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